Une hormone sécrétée durant le sommeil prévient la surconsommation de nourriture et diminue le risque d’obésité.
Il est clairement établi qu’un sommeil de mauvaise qualité est associé à une hausse du risque de mortalité prématurée causée par plusieurs maladies chroniques, tant physiques que mentales.
Dans la plupart des études, on observe typiquement une association complexe entre la durée du sommeil et le risque de souffrir de maladies, c’est-à-dire que ce sont les personnes ayant une durée moyenne de sommeil quotidienne plus courte (moins de six heures) ou plus longue (plus de neuf heures) qui présentent un risque plus élevé d’avoir divers problèmes.
Pour la plupart des adultes, un sommeil quotidien de durée intermédiaire (entre sept et neuf heures) est donc considéré comme une durée optimale pour le maintien d’une bonne santé.
Gain de poids
Une autre conséquence bien documentée d’un mauvais sommeil est une augmentation du risque d’obésité. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le début de l’épidémie actuelle de personnes en surpoids coïncide avec une augmentation du nombre de personnes qui dorment moins que le minimum recommandé (environ 20% des adultes canadiens dorment moins de sept heures par nuit).
Cette hausse du poids corporel serait causée par un dérèglement hormonal qui favorise une surconsommation de nourriture: on a montré que chez les mauvais dormeurs, la production d’hormones de stress était déréglée et menait à une surproduction d’une hormone appelée «ghréline» (qui stimule l’appétit) et à une diminution d’une autre hormone appelée «leptine» (qui supprime l’appétit)1.
En conséquence, les personnes qui ne dorment pas suffisamment sont affectées par ces perturbations hormonales, mangent une quantité de calories qui excède leurs besoins et risquent donc plus de souffrir d’obésité.
La raptine, une nouvelle hormone contre l’obésité
Une fascinante étude récente suggère qu’une autre hormone, appelée “raptine”, pourrait contribuer à ce gain de poids observé chez les personnes qui ont une durée de sommeil inadéquate(2).
Cette hormone est produite de façon maximale par le cerveau durant la période de sommeil et inhibe l’appétit en interagissant spécifiquement avec certains neurones de l’hypothalamus.
Cette hormone semble jouer un rôle important dans le gain de poids, car les chercheurs ont observé que les personnes obèses souffrant de manque de sommeil présentaient des niveaux de raptine plus faibles, tandis qu’à l’inverse, une amélioration de la durée du sommeil chez ces personnes augmentait les niveaux de raptine, diminuait l’apport calorique et menait à une perte de poids.
Une étude génétique plus poussée sur 2000 personnes obèses a conduit à la découverte d’une variante du gène codant pour la raptine présente dans le génome de personnes souffrant d’hyperphagie nocturne, un trouble de l’alimentation caractérisé par une consommation répétée de nourriture pendant la soirée ou la nuit.
Les chercheurs ont montré que cette variante génétique empêchait la sécrétion de raptine, avec comme conséquence un appétit incontrôlé et le développement de l’obésité.
Dans l’environnement hyperconnecté où nous vivons actuellement, il y a toujours quelque chose à voir, à lire ou à écouter à n’importe quelle heure du jour, et le sommeil est souvent la principale victime de cette surstimulation sensorielle.
L’étude mentionnée plus tôt, tout comme les milliers d’autres études qui ont clairement établi l’importance du sommeil sur toutes les facettes de notre bien-être, autant physique que psychologique, viennent cependant nous rappeler que ce chant des sirènes est fort dangereux pour la santé. Comme dit le proverbe: «Qui fuit le sommeil court à la mort.»
Références
(1) Hirotsu C et coll. Interactions between sleep, stress, and metabolism: From physiological to pathological conditions. Sleep Sci. 2015; 8: 143–152.
(2) Xie LQ et coll. Raptin, a sleep-induced hypothalamic hormone, suppresses appetite and obesity. Cell Res. publié le 29 janvier 2025.