Sauvetages nautiques: la CNESST met en garde contre une menace mortelle pour les pompiers



Souvent en première ligne pour secourir des plaisanciers ou intervenir en situation d’inondation, les pompiers font face à un danger sournois et mortel s’ils ne prennent pas soin d’enlever leur habit de combat avant de s’approcher de l’eau, prévient la CNESST.

Le fameux bunker suit (tenue d’intervention), que les pompiers enfilent presque systématiquement dans le cadre de leur travail, flotte-t-il dans l’eau?

Après la mort de deux pompiers dans Charlevoix lors des inondations spectaculaires du 1er mai 2023, les inspecteurs de la CNESST ont voulu en avoir le cœur net.

Des tests de flottabilité approfondis ont été réalisés, offrant une réponse sans équivoque.

«Ce qu’il faut que l’on retienne, c’est qu’un habit de combat d’incendie ne flotte pas. Donc, si un pompier fait une chute à l’eau avec son habit et un VFI [vêtement de flottaison individuel], bien il va devenir lui aussi une victime à sauver. L’autosauvetage va devenir impossible», explique Caroline Pelchat, inspectrice à la CNESST.





Caroline Pelchat, inspectrice à la CNESST.


Photo Dominique Lelièvre

Risque de noyade

En réalité, après avoir été immergée dans l’eau, cette combinaison censée protéger les pompiers lors d’incendies devient leur pire ennemi en ajoutant jusqu’à 34 kg (75 livres) sur leurs épaules, les exposant à un risque de noyade.

Des poches d’air peuvent certes se former au départ dans le manteau, mais elles se dissipent rapidement.

Il est alors presque impossible de se hisser hors du cours d’eau par ses propres moyens, même avec une veste de flottaison en plus sur le dos.

Dans le cas des deux pompiers de Saint-Urbain tristement décédés, ils ont été retrouvés alors qu’ils portaient encore leur habit.

Ce fait n’a toutefois pas été jugé déterminant par la CNESST, qui a plutôt mis en évidence des causes telles que l’équipement inapproprié, la gestion déficiente de l’intervention et le manque de formation.





Photo Dominique Lelièvre

Un pompier témoigne

Le pompier Raphaël Maltais est l’un des trois pompiers de Québec qui ont participé à l’expérience de la CNESST, dans un bassin à Lévis.

Même si elle avait lieu dans un environnement contrôlé, avec une eau calme et chauffée, il a été marqué par «la rapidité à laquelle on devient vulnérable».

«Dans un contexte où l’eau est plus froide, où il y a un niveau de stress parce que tu ne t’attendais pas à tomber à l’eau, ou il y a des vagues, tout ça, ça accentue le danger. C’est évident», relate-t-il.





Les bottes de pompier immergées dans l’eau représentent un autre facteur de risque.


Photo Dominique Lelièvre

La CNESST a produit une capsule vidéo qui sera utilisée à des fins pédagogiques dans les écoles de pompiers.

L’organisme conclut que le bunker suit ne devrait pas être porté lors de sauvetages nautiques, tandis que le VFI devrait être obligatoire à moins de deux mètres de l’eau.

«Ça nous permet, au cœur de l’été, de nous rappeler de l’importance capitale du travail que ces personnes-là [les pompiers] font pour la sécurité des Québécois», a ajouté Jean Boulet, ministre du Travail.


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