Recherche en santé: manger plus de fibres alimentaires pour prévenir le cancer colorectal



Une recherche récente rapporte que la fermentation des fibres alimentaires au niveau du côlon génère des molécules qui influencent l’activité de certains gènes qui bloquent le développement du cancer colorectal.

Les fibres sont des polymères de glucose présents en grandes quantités dans la paroi des cellules végétales. La structure complexe de ces fibres les rend totalement résistantes à la digestion, ce qui signifie que le sucre qu’elles contiennent ne contribue aucunement à l’apport en énergie. Les fibres alimentaires demeurent néanmoins un des constituants les plus importants de notre alimentation, car un très grand nombre d’études ont clairement montré qu’un apport élevé en aliments riches en fibres est associé à une diminution marquée du risque de développer plusieurs maladies chroniques, en particulier les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le cancer colorectal.

Bactéries qui raffolent des fibres

On distingue en gros deux principaux types de fibres alimentaires:

  1. les fibres insolubles (cellulose, hémicellulose, lignine), qui augmentent le volume des selles et accélèrent le transit gastro-intestinal (la fameuse «régularité»);
  2. les fibres solubles (pectine, inuline, bêta-glucane) qui, en augmentant la viscosité du contenu digestif, réduisent l’absorption de sucre et de graisses alimentaires et ralentissent la vidange gastrique pour augmenter le sentiment de satiété.

Ces effets «mécaniques» des fibres sont sans doute importants, mais il semble que c’est principalement leur fermentation par la communauté bactérienne qui réside au niveau du côlon (le microbiote) qui contribue le plus à leurs nombreux effets positifs sur la santé. Les bactéries intestinales en sont particulièrement friandes, et les réactions biochimiques qu’elles utilisent pour en extraire l’énergie nécessaire à leur croissance génèrent plusieurs métabolites importants, en particulier les acides gras à courte chaîne (SCFA): acétate, propionate et butyrate. Plusieurs recherches réalisées au cours des dernières années ont montré que ces molécules exercent plusieurs effets importants autant pour la santé du côlon (établissement d’un microbiote diversifié, sélection de bactéries bénéfiques) que sur l’organisme dans son ensemble (réduction de l’inflammation chronique, amélioration de la résistance à l’insuline).

Effets épigénétiques

Une étude récente suggère que les effets positifs sur la santé des acides gras à courte chaîne produits par le métabolisme microbien pourraient également faire intervenir une action directe de ces molécules sur l’activité de certains gènes (1).

Les chercheurs ont découvert que les deux principaux acides gras à chaîne courte produits par les bactéries (le propionate et le butyrate) étaient utilisés par les cellules du côlon pour modifier biochimiquement les histones, une classe de molécules qui sert à maintenir l’ADN dans un état compact à l’intérieur du noyau. Lorsque ces histones sont modifiées, elles se dissocient de l’ADN et permettent à certains gènes qui étaient auparavant inaccessibles d’être maintenant disponibles pour fabriquer des protéines.

Ces mécanismes épigénétiques sont bien complexes, mais le point important à retenir est que le transfert des acides gras dérivés des fibres vers les histones touche des gènes spécifiques qui régulent la prolifération et la différenciation cellulaires ainsi que les processus de mort cellulaire programmés (apoptose), qui sont tous importants pour empêcher la croissance cellulaire incontrôlée responsable du développement du cancer colorectal. Autrement dit, une alimentation riche en fibres permet aux bactéries intestinales de générer de grandes quantités d’acides gras à courte chaîne qui vont par la suite activer certains gènes capables de freiner le développement du cancer.

Il faut donc manger plus de fibres alimentaires (et donc plus d’aliments d’origine végétale) pour prévenir le cancer colorectal. À l’heure actuelle, la population nord-américaine consomme quotidiennement environ 10-15 g de fibres, ce qui est bien en deçà des quantités requises (30 g par jour) pour profiter de leurs effets protecteurs sur le développement des maladies chroniques (2). Corriger cette lacune pourrait donc avoir des répercussions très positives, non seulement pour la prévention du cancer colorectal, mais aussi sur la santé en général.

(1) Nshanian M. et coll. Short-chain fatty acid metabolites propionate and butyrate are unique epigenetic regulatory elements linking diet, metabolism and gene expression. Nat Metab, publié le 9 janvier 2025.

(2) Reynolds A. et coll. Carbohydrate quality and human health: a series of systematic reviews and meta-analyses. Lancet 2019; 393: 434-445.


Source link


Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *