L’origine de la bedaine de la quarantaine



Une étude montre que le vieillissement active la production de nouvelles cellules capables de stocker les graisses au niveau abdominal, ce qui pourrait contribuer à l’augmentation du tour de taille typiquement observée à partir de la quarantaine.

Dès l’âge mûr et jusqu’au début du vieillissement (40 à 65 ans), les humains ont tendance à accumuler de la graisse corporelle, en particulier au niveau du tissu adipeux viscéral (autour des organes internes de la cavité abdominale).

Cette localisation préférentielle des dépôts de graisse au niveau de l’abdomen peut devenir problématique, car cet excès de gras est interprété comme une agression par le système immunitaire et provoque le développement d’un climat pro-inflammatoire, tant au niveau local que dans l’ensemble de l’organisme, qui diminue l’efficacité de la réponse à l’insuline.

La combinaison de ces deux conditions (inflammation chronique et résistance à l’insuline) représente un important facteur de risque de plusieurs maladies chroniques et peut donc réduire substantiellement l’espérance de vie en bonne santé.

Nouveaux entrepôts de graisse

Il y a seulement deux possibilités qui peuvent expliquer cette hausse localisée du gras viscéral: soit les cellules adipeuses déjà présentes deviennent plus volumineuses (hypertrophie) et augmentent leur contenu en gras, ou soit de nouveaux adipocytes font leur apparition à partir de cellules souches et augmentent de même coup le nombre de cellules gorgées de gras (hyperplasie).

Une étude récente suggère que c’est la production de nouveaux adipocytes au niveau viscéral, donc l’hyperplasie, qui serait responsable de l’accumulation de graisse abdominale qui se produit au cours du vieillissement(1).

Dans cette étude, les chercheurs ont créé un système ingénieux qui permet de suivre en temps réel l’apparition de nouveaux adipocytes chez des souris grâce à une protéine fluorescente exprimée spécifiquement par ces cellules.

Les souris constituent un modèle intéressant pour étudier ces phénomènes cellulaires, car la trajectoire d’accumulation de graisse au niveau viscéral ainsi que l’apparition d’une résistance à l’insuline au cours du vieillissement sont en tout point similaires à ce qui se produit chez les humains.

Cette approche a permis de montrer que chez les animaux âgés de 12 mois, ce qui équivaut à 50 ans pour les humains, la production de nouveaux adipocytes était beaucoup plus élevée que chez les animaux jeunes et que la grande majorité (80%) de ces nouvelles cellules étaient générées au niveau du tissu adipeux viscéral.

D’où provient cet afflux massif de nouveaux adipocytes? En utilisant des approches biochimiques de pointe (séquençage des ARNm sur cellules uniques provenant d’animaux jeunes et vieux), les chercheurs ont identifié une sous-population de cellules souches qui sont fortement enrichies dans le tissu adipeux viscéral au cours du vieillissement et qui possèdent un très fort potentiel de croissance et de formation de nouveaux adipocytes.

Ces observations suggèrent donc que la redistribution des graisses typiquement observée à partir de la quarantaine serait une conséquence de l’apparition d’une nouvelle génération d’adipocytes au niveau viscéral.

Nous serions donc biologiquement programmés pour accumuler du gras abdominal en vieillissant, surtout à l’âge mûr, et il convient donc d’adapter notre apport calorique pour minimiser les impacts de cette prédisposition et éviter les nombreux impacts négatifs de l’excès de graisse abdominale sur la santé.

Références

(1) Guan Wang G et coll. Distinct adipose progenitor cells emerging with age drive active adipogenesis. Science 2025; 388: eadj0430.


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