L’obésité hausse le risque de démences précoces



Les personnes âgées de 40 à 60 ans qui sont en surpoids et atteintes du syndrome métabolique sont à plus haut risque de développer une démence vasculaire ou la maladie d’Alzheimer avant l’âge de 65 ans.

Une étude récente rapporte que l’obésité est associée à une hausse très importante du risque d’au moins 16 conditions chroniques incapacitantes, en particulier l’apnée du sommeil (augmentation jusqu’à 17 fois), le diabète de type 2 (8 fois) et la stéatose hépatique (7 fois) (1).

Dans plusieurs cas, ces pathologies découlent des énormes bouleversements métaboliques qui accompagnent l’excès de graisse, surtout lorsqu’il est localisé au niveau abdominal. Il est en effet bien documenté que ce type d’obésité est fréquemment accompagné d’une hypertension, d’une hausse de la glycémie, d’une réduction du cholestérol HDL et d’une hausse des triglycérides, une constellation d’anomalies connue sous le nom de syndrome métabolique.

Atteintes cognitives

En plus de représenter un important facteur de risque de maladies cardiovasculaires (infarctus, AVC) et de diabète de type 2, le syndrome métabolique semble également avoir un impact négatif sur le cerveau et a été associé à un risque accru de déclin cognitif et à une accélération de la progression des démences.

Avec la forte hausse du nombre de jeunes adultes obèses, on peut donc craindre que l’incidence croissante du nombre de personnes atteintes d’un syndrome métabolique se traduise par une augmentation du nombre de personnes affectées précocement par des atteintes cognitives.

En ce sens, on a observé que chez les jeunes adultes (18-30 ans), la présence de certaines composantes du syndrome métabolique (hypertension et hyperglycémie, en particulier) était associée à un déclin de plusieurs fonctions cognitives dès la cinquantaine (2).

Démences précoces

Une démence précoce, qu’elle soit d’origine vasculaire (causée par une atteinte aux vaisseaux qui irriguent le cerveau) ou de type Alzheimer, est définie comme une démence qui débute avant l’âge de 65 ans.

Selon les résultats d’une étude coréenne, le risque de développer ces démences précoces augmente significativement chez les personnes atteintes d’un syndrome métabolique (3).

Dans cette étude d’envergure, menée auprès de 2 millions de personnes âgées de 40 à 60 ans et suivies en moyenne pendant 8 ans, les chercheurs ont observé que la présence d’un syndrome métabolique était associée à une hausse de 25% du risque de démence diagnostiquée avant l’âge de 65 ans.

Cette augmentation du risque semble principalement liée aux démences vasculaires (hausse de 37%), mais est également observée pour la maladie d’Alzheimer (hausse de 20%).

Atteintes vasculaires

Il est fort probable que les mécanismes moléculaires responsables de ces démences précoces soient différents de celles qui touchent les personnes très âgées, dont la neurodégénération est principalement liée au processus de vieillissement.

Les anomalies métaboliques causées par l’obésité, en particulier l’inflammation chronique, la résistance à l’insuline et l’hypertension ont des effets catastrophiques sur les vaisseaux sanguins qui accélèrent le développement des démences vasculaires, ce qui expliquerait la plus forte augmentation de ce type de démence chez les personnes jeunes.

D’ailleurs, l’étude montre que les hausses du risque de démence précoce sont encore plus prononcées chez les personnes chez qui le syndrome métabolique a été diagnostiqué plus jeune (dans la quarantaine), ce qui suggère qu’une plus longue exposition aux anomalies de tension artérielle, de glycémie et de molécules inflammatoires typiques de ce syndrome a accéléré la progression de ces neurodégénérescences.

Chose certaine, ces résultats montrent encore une fois que le vieillissement n’est pas le seul facteur de risque de maladies chroniques incapacitantes. Le mode de vie est très important et il n’y a aucun doute que le contrôle du poids corporel représente une facette incontournable pour prévenir le développement de ces maladies et leurs impacts négatifs sur la santé, tant du point de vue physique que mental.

Références

(1) Yao Z et coll. «Associations between class I, II, or III obesity and health outcomes». NEJM Evid. 2025; 4: EVIDoa2400229.

(2) Yaffe K et coll. «Early adult to midlife cardiovascular risk factors and cognitive function». Circulation 2014; 129: 1560-7.

(3) Lee JY et coll. «Association between metabolic syndrome and young-onset dementia: a nationwide population-based study». Neurology 2025; 104: e213599.


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