Dans une étude clinique de grande envergure, on montre que l’activité physique régulière permet de réduire les risques de récidives et d’améliorer significativement la survie des personnes traitées pour un cancer du côlon.
La prise en charge standard du cancer du côlon de stade III consiste en une chirurgie, suivie de 3 à 6 mois de chimiothérapie. Cette approche permet d’obtenir un taux de survie de 5 ans, à environ 70%. Il reste donc une proportion significative des patients qui répondent mal à ces traitements et subissent dans les mois qui suivent une récidive du cancer qui compromet leur probabilité de survivre à la maladie.
Études cliniques
Dans plusieurs études populationnelles, on suggère que l’exercice pourrait représenter une approche complémentaire aux traitements médicaux actuels et améliorer la survie des patients atteints d’un cancer colorectal.
On a par exemple observé que ceux qui pratiquent une activité physique récréative régulière après le traitement présentent un risque plus faible de récidive du cancer et de décès, y compris chez les personnes qui étaient atteintes d’un cancer du côlon avancé (de stade III).
Cet impact positif de l’exercice sur la survie au cancer colorectal vient d’être prouvé hors de tout doute par les résultats d’un essai clinique randomisé, réalisé en collaboration par des chercheurs canadiens (1).
Ce type d’essai clinique est la référence pour évaluer l’efficacité d’une intervention (ou d’un médicament), car les participants sont répartis au hasard entre un groupe témoin et un groupe recevant l’intervention, ce qui minimise l’influence de facteurs extérieurs.
Cependant, si les essais cliniques randomisés sont la norme pour l’évaluation des médicaments, ils sont beaucoup plus difficiles à réaliser pour mesurer l’impact du mode de vie sur le cancer, car ils requièrent un suivi étroit des patients pendant plusieurs années pour s’assurer de leur adhésion à l’intervention qui est étudiée (dans ce cas-ci l’exercice).
Notons aussi que les interventions sur le mode de vie, contrairement aux médicaments, ne sont pas commercialisables et il est très difficile d’obtenir les fonds nécessaires pour couvrir les coûts élevés associés à ce type d’essai clinique. Pour toutes ces raisons, la réalisation d’un essai clinique randomisé portant sur l’influence du mode de vie sur le cancer est un véritable tour de force.
Combattre activement le cancer
Cette étude a porté sur 889 patients atteints d’un cancer du côlon de stade III (ou de stade II à haut risque), ayant bénéficié d’une intervention chirurgicale standard et d’une chimiothérapie. Les chercheurs ont réparti aléatoirement ces patients entre un groupe témoin (n=444) qui a seulement reçu des instructions théoriques promouvant l’activité physique et une alimentation saine, et un groupe de traitement (n=445) qui, en plus de ces instructions, a également bénéficié du soutien pratique d’un consultant en activité physique pendant trois ans afin d’augmenter et de maintenir l’activité aérobique des patients.
Les patients pouvaient choisir plusieurs activités (vélo, jogging, natation), mais la plupart ont opté pour une marche rapide de 45 minutes quatre fois par semaine.
Les résultats sont spectaculaires: après 5 ans, 80% des patients du groupe d’exercice étaient toujours en rémission, sans récidive de la maladie, comparativement à 74% du groupe témoin. À plus long terme (8 ans), le taux de survie des patients du groupe d’exercice était de 90% contre 83% pour le groupe témoin, ce qui signifie en pratique que pour chaque 14 personnes, l’exercice a permis d’éviter un décès durant cette période.
Il s’agit d’un effet positif important, surtout si l’on considère que les patients du groupe témoin ont tout de même été influencés par le matériel pédagogique mis à leur disposition et ont eux aussi remarquablement augmenté leur niveau d’exercice (hausse de 50% contre 100% pour le groupe d’intervention).
Il est donc fort probable que les bénéfices associés à l’exercice post-traitement soient encore plus considérables comparativement aux patients qui demeurent complètement sédentaires, sans avoir été sensibilisés aux bienfaits de l’exercice.
(1) Courneya KS et coll. «Structured exercise after adjuvant chemotherapy for colon cancer». N. Engl. J. Med., publié le 1er juin 2025.