Une étude révèle que le cerveau est l’organe qui contient les plus grandes quantités de microplastiques et que cette présence est corrélée avec un risque plus élevé de la maladie d’Alzheimer.
Un monde de plastique
Alors qu’en 1950 la production annuelle de plastique était d’environ 2 millions de tonnes, on prévoit qu’elle pourrait atteindre le milliard de tonnes 100 ans plus tard, en 2050.
Cette croissance exponentielle reflète à quel point le plastique est devenu un matériau indispensable à la fabrication des objets que nous utilisons quotidiennement (à titre d’exemple, le plastique représente 50% du volume des automobiles actuelles!).
Le plastique a cependant l’énorme défaut d’être peu recyclé et on estime qu’environ 7 milliards de tonnes de déchets plastiques se sont accumulées dans l’environnement depuis 1950.
La fragmentation et l’érosion de ces déchets génèrent de minuscules particules appelées microplastiques (moins de 5 mm de diamètre) et nanoplastiques (moins de 1 μm de diamètre) qui peuvent pénétrer dans le corps humain, soit directement (ingestion, inhalation) ou indirectement, via de la nourriture contaminée (produits de la mer, aliments emballés ou chauffés dans des contenants de plastique).
Accumulation de microplastiques
Les données actuelles indiquent que cette absorption passive est loin d’être anodine, car des microparticules de plastique ont été détectées dans l’ensemble du corps humain, notamment au niveau du foie, du côlon et du lait maternel (1).
Ces particules pourraient avoir des répercussions très négatives sur la santé, car on a récemment observé que leur présence dans la paroi des artères (plaques d’athérosclérose) était associée à un risque presque 5 fois plus élevé d’accidents cardiovasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral ou mort cardiaque) par rapport aux patients dont les plaques ne contenaient pas de microplastiques (2).
Accumulation dans le cerveau
Selon une étude récente, le cerveau serait un autre organe susceptible d’être contaminé par les microplastiques (3).
Dans cette étude, les chercheurs ont utilisé des outils de recherche de pointe (spectroscopie infrarouge et microscopie électronique) pour évaluer les concentrations de ces particules dans des échantillons de cerveaux, de foies et de reins (provenant de personnes décédées).
Ils ont observé que le cerveau était (et de loin) celui qui contenait la plus grande quantité de microplastiques (en particulier le polyéthylène, le plastique le plus abondant dans l’environnement), avec des concentrations jusqu’à 30 fois plus élevées que dans le foie ou les reins.
Un des aspects le plus intéressant (et inquiétant) de l’étude est la découverte que les concentrations de microparticules étaient beaucoup plus élevées dans le cerveau de personnes affectées par la maladie d’Alzheimer au moment de leur décès comparativement à ceux qui n’étaient pas touchés par la maladie.
La différence est énorme: alors que la concentration médiane de microplastiques dans les cerveaux normaux était d’environ 5 mg par g de tissu, elle atteint 26 mg par g dans ceux touchés par la neurodégénérescence.
Est-ce que cette présence accrue de microplastiques et l’inflammation qui lui est associée pourraient contribuer au développement de la maladie d’Alzheimer? Ou est-ce que ce seraient plutôt les pathologies caractéristiques de cette maladie (atrophie du tissu cérébral, augmentation de la perméabilité de la barrière hématoencéphalique) qui favorisent cette accumulation?
Il est encore trop tôt pour le dire, mais il n’y a pas de doute qu’il est prudent de minimiser notre exposition à ces particules en évitant les aliments et les boissons emballés dans du plastique, en utilisant moins de tissus synthétiques et en nettoyant régulièrement la poussière domestique qui en contient beaucoup.
Le chauffage des récipients en plastique libère beaucoup de microplastiques et il faut donc privilégier autant que possible les plats de verre pour réchauffer la nourriture au micro-ondes.
Références
(1) Thompson RC et coll. Twenty years of microplastic pollution research-what have we learned? Science 2024; 386: eadl2746.
(2) Marfella R et coll. Microplastics and nanoplastics in atheromas and cardiovascular events. N. Engl. J. Med. 2024; 390: 900-910.
(3) Nihart AJ et coll. Bioaccumulation of microplastics in decedent human brains. Nat Med., publié le 3 février 2025.