Certains gras de l’alimentation favorisent la croissance d’un type agressif de cancer du sein



Dans une récente étude, on montre qu’un excès d’acide linoléique, le principal oméga-6 de l’alimentation, stimule fortement la progression du cancer du sein triple négatif, un cancer difficile à traiter.

Le corps humain n’est pas capable de fabriquer par lui-même les acides gras polyinsaturés oméga-3 et oméga-6 et ces lipides doivent donc être fournis par ce que nous mangeons.

Pour les acides gras oméga-6, comme l’acide linoléique, cette exigence ne pose vraiment aucun problème: ce gras est présent en grande quantité dans la plupart des aliments courants (viandes, œufs, diverses huiles végétales) ainsi que dans plusieurs produits industriels ultra-transformés.

La distribution des gras oméga-3, comme l’acide linolénique, est quant à elle plus limitée puisque ce gras est principalement retrouvé dans les végétaux (les noix et les graines, en particulier) et les poissons, de sorte que l’apport en oméga-3 est généralement beaucoup plus faible que celui en oméga-6 dans l’alimentation occidentale moderne. Par exemple, alors qu’on devrait absorber des quantités à peu près équivalentes de ces deux types de gras, on estime que l’apport actuel en acide linoléique (oméga-6) est de 20 à 50 fois plus élevé que celui en acide linolénique (oméga-3) chez les personnes dont l’alimentation est pauvre en végétaux et surtout basée sur la consommation de produits industriels transformés.

Déséquilibre périlleux

Dans une étude récente, on suggère que cet excès d’acide linoléique pourrait jouer un rôle crucial dans certaines formes particulièrement agressives de cancers du sein (1).

En comparant la réponse de cellules cancéreuses provenant de patientes touchées par différents cancers du sein, les chercheurs ont observé que l’addition d’acide linoléique oméga-6, mais non celle d’acide linolénique oméga-3, activait spécifiquement la croissance des cellules dérivées de cancers du sein qualifiés de «triple négatif».

Ces cancers sont ainsi nommés parce qu’ils n’expriment aucun des récepteurs ciblés par les traitements actuels (récepteurs aux estrogènes, à la progestérone et au facteur de croissance EGF).

Cette spécificité de l’action pro-cancéreuse de l’acide linoléique semble être due à la surexpression par les cellules cancéreuses mammaires triples négatives d’une protéine (nommée FABP5) dont le rôle est de transporter ce gras oméga-6 à l’intérieur des cellules.

Les mécanismes biochimiques en cause sont extraordinairement complexes, mais mentionnons seulement que le complexe FABP5-acide linoléique agit comme un puissant activateur de la cascade enzymatique impliquée dans la croissance cellulaire. Cette activation est à l’œuvre dans la progression des cancers de type triple négatif, car l’analyse d’échantillons de tumeurs provenant de patientes touchées par ce cancer montre une hausse marquée des niveaux de FABP5 et d’oméga-6 à l’intérieur de ces tumeurs comparativement à d’autres types de cancers du sein.

Régime méditerranéen

Ces résultats sont très importants, dans la mesure où ces cancers sont relativement fréquents (10 à 15% de tous les cancers du sein), très difficiles à traiter à cause de l’absence des récepteurs ciblés par les thérapies courantes, et se caractérisent par une croissance très rapide ainsi qu’une évolution clinique agressive, associée à un faible taux de survie des patientes.

La prévention demeure donc la meilleure arme face à ces cancers, et la mise en évidence d’un effet procancérigène des gras oméga-6 suggère qu’une réduction de l’apport alimentaire de ces gras pourrait contribuer à diminuer le risque de cette maladie.

En ce sens, il est important de noter qu’une alimentation de type méditerranéen, caractérisée par un apport élevé en végétaux et en huile d’olive et une consommation modérée d’aliments d’origine animale, représente une bonne façon de réduire l’apport en acide linoléique et a été associée à une réduction du risque de mortalité par cancer du sein, en particulier dans le cas du cancer du sein triple négatif (2).

Références

(1) Koundouros N. et coll. «Direct sensing of dietary ω-6 linoleic acid through FABP5-mTORC1 signaling», Science, publié le 14 mars 2025.

(2) Castelló A. et coll. «Spanish Mediterranean diet and other dietary patterns and breast cancer risk: Case-control EpiGEICAM study», Br. J. Cancer, 2014; 111:1454–1462.


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