Accès aux médicaments de spécialité: connaissez-vous vos droits?



Quand un diagnostic tombe – cancer, maladie rare ou affection chronique – la vie bascule. Entre les rendez-vous médicaux, les émotions à gérer et les démarches à faire, on se retrouve avec beaucoup dans son assiette.

Saviez-vous qu’en tant que patient, un droit fondamental vous appartient:

Ce droit, inscrit noir sur blanc dans la Loi sur l’assurance médicaments et dans le Code de déontologie des pharmaciens, est aujourd’hui mis à mal par des pratiques préoccupantes de la part de quelques pharmacies.

Aujourd’hui, l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP) souhaite sensibiliser la population à cet enjeu important qui va à l’encontre des intérêts des patients.

Des patients détournés de leur pharmacie habituelle

Les médicaments dits «de spécialité» – souvent très coûteux et nécessitant un suivi serré – sont de plus en plus répandus au Québec. En 2023, ce marché représentait plus de 1,7 milliard de dollars uniquement pour les patients couverts par la RAMQ. Et la tendance ne ralentit pas: d’ici 2030, ils pourraient représenter presque la moitié de l’ensemble du marché des médicaments au Québec.

Dans ce contexte, une poignée de pharmacies, en partenariat avec des fabricants de médicaments et leurs programmes de soutien aux patients (PSP), ont développé des stratégies qui contreviennent aux lois et aux réglementations en vigueur dans la province. Résultat: 40% de la distribution de ces médicaments est concentré entre les mains de 6 pharmacies*.

Comment? En obtenant de la «clientèle» par le biais d’ententes formelles ou informelles avec un tiers, soit un PSP ou un fabricant, ce qui va à l’encontre des lois et règlements. Les patients sont dirigés vers une pharmacie désignée, souvent située à des centaines de kilomètres de leur domicile. Cette pratique illégale est connue sous le nom de dirigisme.

Une pression indue





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Lorsqu’un médecin prescrit un médicament de spécialité, le patient n’aura pas toujours la prescription entre ses mains. Il est généralement mis directement en lien avec le PSP – un programme mis en place par le fabricant de médicaments.

En théorie, ces programmes visent à gérer le remboursement et l’aide financière pour le patient ainsi que le suivi de la thérapie. Toutefois, dans plusieurs cas, le PSP oriente le patient vers une pharmacie partenaire, en lui laissant entendre que l’accès à son médicament sera plus compliqué auprès de sa pharmacie habituelle ou encore qu’il obtiendra un meilleur suivi auprès de la pharmacie désignée.

Ce stratagème crée des doutes chez le patient vulnérable, qui cherche des réponses et veut commencer son traitement rapidement. Il peut ainsi être difficile de remettre cette recommandation en question. Pourtant, aucun intervenant (ni médecin, ni PSP, ni assureur, encore moins un pharmacien) n’a le droit de lui imposer une pharmacie.

Tous les pharmaciens ont les compétences pour servir l’ensemble des médicaments



Accès aux médicaments de spécialité: connaissez-vous vos droits?


Crédit : AQPP

Il est important de rappeler que tous les pharmaciens et pharmaciennes du Québec ont les compétences, la formation et le droit de pratique pour assurer la distribution et le suivi des médicaments de spécialité.

Qu’ils pratiquent en milieu urbain ou rural, dans une pharmacie affiliée à une grande chaîne ou dans une petite pharmacie indépendante, ces professionnels de la santé sont qualifiés pour évaluer les traitements, détecter les effets indésirables et ajuster la médication au besoin, quelle qu’elle soit. Bref, elles peuvent faire un suivi complet et en continu des thérapies de leurs patients.

En vous faisant servir l’ensemble de vos médicaments par votre pharmacien habituel, vous êtes en mesure de poser vos questions à une personne de confiance et accessible, qui maîtrise l’ensemble de votre dossier.

Si vous recevez un médicament de spécialité provenant d’une autre pharmacie ou si on vous incite à aller vers une pharmacie autre que la vôtre pour obtenir un traitement, il est important d’en informer votre pharmacien habituel. Ceci est particulièrement important afin de faciliter l’analyse sécuritaire du dossier, notamment pour la vérification des interactions médicamenteuses et l’efficacité de vos médicaments courants.

Un enjeu d’accès et d’élargissement des soins



Accès aux médicaments de spécialité: connaissez-vous vos droits?


Crédit : Shutterstock

Derrière ce débat repose également un enjeu plus large: la pérennité du modèle québécois des pharmacies communautaires. Présentes partout sur le territoire, les quelque 1 900 pharmacies de proximité constituent un pilier essentiel de la première ligne en santé dans toutes les communautés du Québec.

Le gouvernement doit agir pour faire respecter et appliquer ses propres lois et règlements. Il en va non seulement du droit des patients, mais aussi de l’intégrité du système de santé.

En tant que patient ou proche aidant, vous avez un rôle à jouer. La première étape est de vous informer. Vous avez le droit de poser des questions.

Et surtout, vous avez le droit d’être accompagné, du début à la fin, par un professionnel de proximité qui connaît votre réalité et votre état de santé dans son intégralité: votre pharmacien(ne) de quartier. Vous avez le droit de choisir votre pharmacie.

Pour en savoir plus sur vos droits en tant que patient, consultez
.

*Seulement pour les transactions soumises à la RAMQ en 2023


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