Le dénigrement des vaccins par l’administration américaine actuelle est une attitude antiscientifique totalement infondée et extrêmement dangereuse, qui risque d’entraîner de graves conséquences sur la santé de la population mondiale, en particulier chez les enfants et les adolescents.
Au Canada, tout comme dans l’ensemble des pays industrialisés, l’espérance de vie d’un enfant qui naît aujourd’hui est d’environ 80 ans, soit presque le double d’il y a 150 ans. Le principal facteur qui explique cette augmentation phénoménale de la longévité est la diminution remarquable de la mortalité prématurée causée par les infections au cours de l’enfance et au début de l’âge adulte.
Par exemple, à Montréal, en 1899, on comptait 2071 morts pour 7715 naissances, soit un taux de mortalité de 27%, alors qu’elle est aujourd’hui inférieure à 1%. Si la mortalité infantile faisait partie du quotidien des familles à cette époque, c’est parce que les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables aux nombreux agents pathogènes présents dans l’environnement: variole, poliomyélite, diphtérie, coqueluche, tétanos, rougeole et tuberculose, pour n’en nommer que quelques-uns, sont toutes des maladies qui posent d’énormes risques pour la santé des enfants et peuvent entraîner leur décès.
Des vaccins qui sauvent des vies
En plus de l’amélioration des conditions d’hygiène et de la découverte des antibiotiques, cette réduction importante de la mortalité infantile est due en très grande partie au développement de vaccins très efficaces, qui diminuent radicalement le risque de contracter ces infections et qui ont même amené dans certains cas l’éradication complète (variole) ou quasi complète (poliomyélite) des virus responsables de ces maladies graves. Dans tous les cas, sans exception, l’administration d’un vaccin contre une maladie donnée provoque une chute importante et très rapide de l’incidence de cette maladie et de la mortalité qui lui est associée.
Ces effets de la vaccination sur la réduction de la mortalité prématurée sont d’ailleurs toujours d’actualité, avec le développement récent de vaccins contre plusieurs maladies graves comme les infections à pneumocoque, le zona, l’hépatite B, le virus syncytial, les méningites dues au méningocoque de sérogroupe C, ou encore les cancers du col utérin causés par le HPV. Dans ce dernier cas, les données récentes indiquent que la vaccination est en train de complètement éradiquer ce cancer! Et c’est sans compter le vaccin anti-COVID-19, élaboré en un temps record à l’aide de la biochimie révolutionnaire des ARNm, qui a permis de sauver environ 2,5 millions de vies à l’échelle de la planète, en particulier chez les personnes de plus de 60 ans (1).
Efficacité et sécurité des vaccins
Compte tenu des effets positifs spectaculaires de la vaccination sur la longévité, il est pour le moins stupéfiant de voir leur efficacité et/ou leur sécurité être remise en question par certaines personnes, le plus connu étant sans doute l’actuel secrétaire d’État à la Santé des États-Unis. Bien qu’il n’ait aucune formation médicale (et encore moins en biochimie ou en virologie), il a récemment remis en question l’utilité de plusieurs vaccins et provoqué du même coup une crise majeure aux Centers for Disease Control and Prevention (CDC), menant à la démission de plusieurs experts chevronnés en maladies infectieuses.
Le principal motif invoqué pour limiter la vaccination est le mythe que l’augmentation de l’incidence d’autisme chez les enfants est liée aux vaccins, en particulier le vaccin MMR (rougeole-oreillon-rubéole). On ne saurait insister suffisamment sur le fait que c’est faux: l’étude initiale, sur laquelle est basée cette croyance, s’est avérée frauduleuse et a été rétractée (l’auteur principal a même été radié de l’Ordre des médecins en 2010), tandis qu’à l’inverse, un très grand nombre d’études sérieuses et très rigoureuses, portant sur des centaines de milliers de personnes vaccinées, ont montré de façon sans équivoque que les vaccins, les ingrédients stabilisateurs et préservatifs qu’ils contiennent sont sans impact sur le développement de ce trouble neurologique.
Dans tout ce climat de confusion volontairement provoquée, il est essentiel de le répéter: les vaccins sont efficaces, sécuritaires et sauvent d’innombrables vies. Ils sont soumis à un processus d’évaluation extrêmement rigoureux et doivent franchir de multiples étapes pour prouver leur efficacité et leur absence d’effets secondaires avant d’être approuvés pour les campagnes de vaccination.
Il est donc tragique que des croyances infondées puissent remettre en question l’utilité des vaccins, sans aucun doute l’une des plus importantes révolutions scientifiques de l’histoire de l’humanité, et exposer ainsi la population mondiale à des infections mortelles. Il faut combattre avec la dernière énergie cet assaut frontal contre la science et ses réalisations, et qui fait ressurgir des croyances infondées dignes du Moyen Âge. Ce retour en arrière est inacceptable, car c’est grâce à la science que nous avons appris à mieux comprendre le monde qui nous entoure et à combattre les maladies qui nous affligent. Les vaccins sont l’expression concrète du succès de cette démarche scientifique et de son impact extraordinaire sur l’amélioration de la condition humaine et sur sa survie.
Référence
(1) Ioannidis JPA et coll. Global estimates of lives and life-years saved by COVID-19 vaccination during 2020-2024. JAMA Health Forum 2025; 6: e252223.