Le parlement du Texas est le théâtre lundi d’une confrontation à distance entre élus républicains et démocrates après que ces derniers ont fui l’État afin d’empêcher l’adoption d’un texte qui, à terme, pourrait offrir à Donald Trump cinq sièges au Congrès à Washington.
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La Chambre des représentants texane s’est réunie à 15h heure locale pour examiner, entre autres, ce projet de loi qui compte redessiner les 38 circonscriptions électorales de cet État du sud, le deuxième plus peuplé du pays.
Le but affiché des responsables républicains du Texas est de modifier la carte électorale de manière à ce que le vote démocrate soit dilué, une technique nommée «gerrymandering».
Poussés par le président Donald Trump, ils souhaitent que leur contingent de 25 élus républicains à la Chambre des représentants à Washington compte cinq membres supplémentaires après les élections de mi-mandat de novembre 2026.
Mais les démocrates, en minorité au parlement texan, tentent de s’opposer à l’adoption de ce redécoupage. Ils ont décidé dimanche de fuir l’État afin qu’un quorum ne soit pas atteint pour le vote de lundi, certains se rassemblant à Chicago, d’autres à New York.
«Ce n’est pas une décision que nous avons prise à la légère», a déclaré dans un communiqué Gene Wu, le chef de la minorité démocrate de la Chambre des représentants du Texas.
Il y accuse le gouverneur républicain Greg Abbott de «soumission à Donald Trump» et d’utiliser une carte électorale «intentionnellement raciste», car elle diluerait selon lui les voix des électorats afro-américain et hispanique qui, en majorité, votent traditionnellement démocrate.
Mandat d’arrêt
En retour, Greg Abbott a menacé, dimanche soir, de déchoir les élus démocrates de leur mandat s’ils n’étaient pas de retour au Texas lundi, alors même que le gouverneur ne dispose pas de ce pouvoir.
«Ces absences ont été préméditées dans un but illégal», a-t-il accusé dans un communiqué.
Le chef républicain de la Chambre des représentants du Texas a ouvert la session lundi en constatant l’absence des démocrates.
«Un quorum n’a pas été établi», a déclaré Dustin Burrows, avant de pointer du doigt les élus de l’opposition, qui se sont selon lui «dérobés à leurs responsabilités».
Les parlementaires présents ont ensuite voté une motion pour lancer un mandat d’arrêt contre les élus absents, mais il ne s’applique qu’au sein du Texas.
En riposte à la volonté du Texas de redessiner la carte électorale en faveur des républicains, plusieurs gouverneurs démocrates ont annoncé leur intention d’en faire de même, comme le Californien Gavin Newsom.
Mais à l’inverse du Texas, où le processus légal permet ce redécoupage relativement facilement, les États démocrates ont pour beaucoup mis en place des garde-fous législatifs, voire constitutionnels. Il sera donc compliqué pour eux de compenser les sièges potentiellement perdus au Texas, ou dans l’Ohio et le Missouri.
Dans l’État de New York, la gouverneure démocrate Kathy Hochul a adopté un ton combatif lundi, lors d’une conférence de presse donnée aux côtés d’élus qui ont fui le Texas.
«Nous sommes en guerre», a-t-elle asséné.
La gouverneure a exprimé sa volonté de changer la législation en place dans son État, où une commission indépendante décide actuellement de la carte électorale.
«Les règles du jeu ont changé de manière dramatique. Et honte à nous si nous ignorons ce fait et si nous nous accrochons aux vestiges du passé. Cette période est terminée, Donald Trump l’a éliminée pour toujours», a-t-elle déclaré.